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Side:Om det norske suspensive Veto.djvu/25

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voyez un propriétaire. Le lion, dit-il, est propriétaire de son arrondissement de carnage, ce qui doit profondément toucher les moutons de respect pour la propriété; l’oiseau est propriétaire de son nid, M. Thiers oublie le coucou, et le lapin est propriétaire de son terrier. Eh bien, j’en suis désolé pour la moralité du lapin, il n’a nullement le sentiment du code civil. Il est un disciple effréné de M. Proudhon. A la moindre alerte il va se terrer dans le premier trou venu. La possession pour lui vaut titre, et il reste là tant qu’il lui plaît, sans avoir besoin d’exhiber à aucun huissier son titre de propriété dans la patte qui a creusé le terrier.

C’est sur ces données d’histoire naturelle que M. Thiers a broché quelques centaines de pages à la justification de la propriété. Cela est écrit a bonne intention, cela est spirituel et superficiel, cela est attendrissant et pathétique parfois; on y sent a chaque instant le bon père et le bon époux. Cela est un lien commun bien vivifiant et bien hospitalier ou tout le monde peut tenir à l’aise; c’est une argumentation irrésistible qui convertira, nous en sommes persuadé, tous les propriétaires au respect de la propriété. Cela prouve ce qui était prouvé, confirme ce qui était connu, redit ce qui était redit, mais ne jette aucune nouvelle lumiére sur la question.

La propriété, sans doute, veut être glorifiée, car elle n’est que la réalisation extérieure de la Providence dans l’humanité. J’expliquirai tout a l’heure cette pensée. Mais pour s’élever à la conception de la propriété, il faut aller en chercher l’intelligence ailleurs que dans l’histore naturelle. C’est dans l’histoire humaine seulement, et siècle à siècle, civilisation par civilisation, que nous pouvons étudier ce grand problème.

Toute autre méthode est trompeuse, C’est pour avoir voulu traiter directement par la philosophie, ou par la jurisprudence, cette question, que philosophes, légistes, communistes, sceptiques, ont inutilement et dogmatiquement entrechoqué sans fin leurs syllogismes dans les ténèbres, sans pouvoir en tirer une certitude.

Ils n’oubliaient, dans ce procès, qu’un seul témoin: le genre humain tout entier. Or, que dit ce témoin? Il dit que la propriété, née avec la civilisation, produite par elle et le produisant à son tour, ou plutot identifiée à elle par la même solidarité qui lie la pensée à la sensation, et la sensation à la pensée, va toujours grandissant de plus en plus et s’universalisant de plus en plus; de telle sorte que plus d’hommes possédent et que plus de choses sont possédées dans la société. Cela pose, qu’est-ce que l’histoire en trevue à la lampe de ce principe? Une propriété nouvelle, naissant à chaque pas de la civilisation, et une classe nouvelle naissant à la propriété.